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5 questions à … Christophe Geffroy
RÉDACTEUR EN CHEF DE LA NEF
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Regard franc, sourire en coin, Monsieur Geffroy nous ouvre la porte de son univers. C’est dans cette, maison familiale, que monsieur Geffroy nous reçoit, discrètement accueillant. Pas de bureau, mais un salon, comme chez vous, comme chez moi, avec une particularité sans doute, des murs en livres. Un univers finalement à la ressemblance de ce qu’est La Nef : une revue profonde et sobre.
Vous êtes rédacteur en chef de La Nef, quelles sont les motivations qui vous ont incité à créer ce mensuel ?
Les motivations, il faut revenir un peu en arrière, et ça ne nous rajeunit pas, à ce moment-là, j’avais à peu près trente ans, j’étais ingénieur de formation, j’avais un poste dans l’industrie automobile, ça ne me passionnait pas. Et en tant que jeune converti, j’avais envie d’avoir un travail qui me permette d’exprimer ma Foi. A une époque où il y avait moins de présence médiatique dans le créneau catholique conservateur, dans les années 80 – 90, dans la foulée des sacres de monseigneur Lefèvre, où Rome avait proposé aux traditionalistes qui ne voulaient pas se séparer de Rome une formule d’accueil dans l’Eglise via le Motu proprio Ecclesia Dei. Etant ouverts aux deux formes liturgiques, notre vocation était de créer un mensuel qui fasse le pont entre la mouvance traditionnelle et l’Eglise institutionnelle. Le deuxième point qui nous a animés, et ce qui a donné son identité à La Nef, c’était de faire un journal qui s’intéressait vraiment au débat d’idées dans l’Eglise comme dans la société, sans tabou et sans politiquement correct.
Pourquoi avoir choisi ce titre de La Nef ?
Tout d’abord, il faut savoir que, quand vous créez un journal, la grande difficulté c’est de trouver le titre. Mine de rien, trouver un bon titre ce n’est pas facile, et en plus quand vous en trouvez un, il est souvent déjà pris. Nous avons beaucoup réfléchi, et nous avons essayé de trouver un titre représentatif. L’un de nous a trouvé La Nef, titre à symbolique double : place des laïcs dans une église, ou barque de saint Pierre, qui vogue sur les flots tumultueux de l’époque contemporaine. En effet nous sommes une revue de laïcs catholiques, libre et indépendante. C’était un titre court, facile à retenir, certes déjà pris, mais qui nous a été cédé pour une somme modique.
Vous êtes une petite structure, à large diffusion. Quel est votre modèle d’organisation interne ?
Large diffusion, vous êtes vraiment gentille. Nous sommes une petite structure et en plus nous sommes une revue totalement artisanale, notre diffusion n’est pas très très grande mais sa force, c’est qu’elle a acquis dans l’Eglise une certaine notoriété. Tous les évêques de France reçoivent La Nef, à Rome, toutes les personnalités qui ont un certain poids, et qui parlent français reçoivent La Nef. Nous avons des progrès à faire auprès des fidèles du rang pour augmenter notre notoriété et notre diffusion, mais nous demeurons une revue totalement artisanale. En outre, il y a une dizaine d’années, nous sommes passés par un certain nombre de problèmes économiques. Et pour surmonter ces difficultés, étant donné que nous ne sommes soutenus par aucun pouvoir financier et aucun groupe, la seule solution était l’autofinancement et de quatre salariés, nous sommes passés à deux permanents. Deux permanents, c’est peu, c’est la raison pour laquelle je dis que c’est une revue artisanale. Cela a un côté passionnant, la force que nous avons, c’est notre indépendance, d’où l’intérêt d’être à la fois propriétaire et rédacteur. La seule censure que nous appliquons, c’est la nôtre, car toute vérité n’est pas toujours bonne à dire en matière de presse. Si nous ne mentons jamais, nous ne disons pas toujours tout ce que nous savons, pour le Bien Commun de l’Eglise. Mais dans les faits, cela arrive très rarement.
En quoi votre ligne rédactionnelle est-elle différente des autres mensuels ou quotidiens de la presse catholique ?
Quand vous parlez des autres magazines ou quotidiens, il faudrait déjà sérier car il y a énormément de titres. Quand on prend des titres comme Témoignage chrétien ou La Croix, on est ici dans des positionnements qui ne sont pas les nôtres. En revanche, si on prend la presse plus conservatrice, il y a des titres comme Famille chrétienne, L’Homme Nouveau, France catholique et La Nef ; vu de la planète Sirius, on pourrait penser que ce sont quatre titres qui disent quasiment la même chose, ce qui est vrai d’ailleurs quand on regarde les choses d’assez loin. Mais quand on est parti prenante dans l’Eglise, on s’aperçoit des différentes sensibilités qui ne sont pas du tout marginales. Je dirai que la particularité de La Nef est d’être une revue avec une exigence intellectuelle réelle, nous essayons de faire un journal grand public mais nous plaçons la barre assez haut. Cette exigence intellectuelle couplée avec notre attrait pour le débat d’idées fait notre spécificité. Nous voulons apporter une véritable réflexion, et une certaine formation à nos lecteurs, dans un esprit conservateur, même si le terme ne me plaît pas plus que ça.
Comment parvenez-vous à maintenir un équilibre entre la qualité rédactionnelle et les contraintes économiques qui vont de pair avec l’ubérisation des structures journalistiques traditionnelles ?
C’est une vraie question. Nous y arrivons difficilement, et c’est au prix d’une compression drastique des dépenses. Notre situation financière actuelle est saine mais pas évidente. Car la situation de la presse en général est mauvaise, beaucoup de nos confrères sont confrontés aux mêmes problématiques. Si la presse n’était pas subventionnée, une bonne partie des titres disparaîtrait aujourd’hui. Les gens lisent de moins en moins et nous sommes en concurrence avec internet, la télévision. Ces écrans prennent du temps, et ce temps passé devant les écrans tend à atrophier même leur capacité de lecture. Face à un écran on est passif tandis que la lecture demande une attention minimum, une volonté. C’est la raison pour laquelle nous refusons de passer par le biais des vidéos et que nous restons attachés à l’écrit. La réflexion passe forcément par l’écrit. Cette tendance lourde ne va pas s’inverser à court ou moyen terme, il n’empêche que je pense qu’il existe toujours des gens qui ont une exigence intellectuelle dans notre société. Les tirages des livres difficiles, comme les livres de philo, restent finalement assez stables, et proches de ceux d’il y a un siècle. C’est le rôle d’une revue comme la nôtre de servir ces gens-là.[/vc_column_text][vc_separator color= »custom » border_width= »2″ el_width= »20″ accent_color= »#b89e67″][vc_column_text css= ».vc_custom_1560762572476{margin-right: 20px !important;margin-left: 20px !important;} »]
Olympe et Cyprien,
étudiants de l’ISSEP
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